Quel avenir pour le quartier juif de Budapest?

Introduction – Susana Szabo membre fondateur des Mardis hongrois de Paris

L’Institut hongrois de Paris – à l’initiative de l’association ÓVÁS! – a accueilli dès fin février 2014 une série de manifestations sous le titre „Quel avenir pour le quartier juif de Budapest?”.
Tout d’abord une exposition de photographies d’István Jávor et de Martin Fejér – en collaboration avec Julia Cserba commissaire de l’exposition- présentait au public parisien ce beau et singulier quartier de Budapest.
Des documentaires réalisés par István Jávor sur la vie du quartier, ses artisans et ses lieux culturels ont contribué à une meilleure appréhension du quotidien de ce lieu.
Finalement, une table ronde réunissant des experts et représentants de la société civile hongroise et française se sont penchés sur la situation actuelle du quartier et ont essayé de dégager des pistes pour son avenir.
Ces échanges n’ont pas été enregistrés mais il nous a semblé intéressant de laisser une trace des débats à partir d’une synthèse des contributions de ses participants.

Les Participants:

Anna Perczel, architecte-urbaniste, Présidente de l’association ÓVÁS! et auteure d’un beau livre sur l’architecture du quartier. Elle a été aussi la cheville ouvrière dans la réalisation en 2013 d’un ouvrage collectif traitant de l’héritage juif d’Erzsébetváros, ouvrage édité avec le soutien de la Mairie du VIIème arrondissement de Budapest.
János Ladányi, sociologue, professeur d’université et membre fondateur d’ÓVÁS!
Michel Polge, architecte-urbaniste et Directeur du Pôle National de Lutte contre l’habitat indigne.
Pierre Housieaux, Président de l’association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique.
Jean-Pierre Frommer, Président de l’association des Mardis hongrois de Paris.
Susana Szabo, membre fondateur des Mardis hongrois de Paris, animateur de la table ronde.
Judit Karinthy, interprète.

La table ronde:

Anna Perczel a présenté, un état des lieux, illustré d’images projetées, du quartier juif de Budapest à l’heure actuelle et formulé les interrogations qui en découlent. János Ladányi a abordé la problématique du quartier du point de vue de ses habitants et à plus long terme. Michel Polge a rappelé les recommandations formulées par son rapport de 2007, suite à sa visite en tant qu’expert de l’ICOMOS, recommandations qui gardent toujours leur actualité. Pierre Housieaux a relaté la genèse de son association et les démarches entreprises pour sauvegarder le quartier du Marais à Paris ainsi que ses défis actuels. Jean Pierre Frommer a résumé les actions mises en œuvre par les Mardis hongrois pour épauler ÓVÁS! dans ses interventions en faveur de la sauvegarde du quartier juif de Budapest.
Nous retenons du débat qui a suivi ces présentations l’importance qu’il faut accorder à la mobilisation de la société civile. Cette mobilisation a porté ses fruits en France et malgré une situation hongroise bien différente du point de vue légal, administratif et socioculturel, cette action citoyenne reste une des armes les plus prometteuses. Avec persévérance et sans perdre courage il faut éveiller une prise de conscience publique, trouver les alliances qui s’imposent avec les élus, les investisseurs et les habitants des quartiers à préserver. Les solidarités inter-associatives au delà des frontières constituent aussi un atout important. Grâce à des manifestations comme celle qui s’est déroulée à Paris en février 2014 ces solidarités peuvent se construire, s’élargir, se renforcer et avec un peu de chance aboutir à des résultats positifs.

Anna Perczel architecte – urbaniste

Il y a dix ans, en avril 2004, quelques architectes, sociologues, photographes, historiens de l’art, journalistes, écrivains, professeurs et étudiants ont pensé qu’ils ne pouvaient plus regarder la destruction de l’ancien quartier juif de Budapest sans bouger. Ils se sont regroupés dans le but de défendre le quartier, ce qui donna naissance à l’association ÓVÁS!

Ce quartier d’une exceptionnelle valeur historique, architecturale, et culturelle se trouve sous la protection de l’UNESCO depuis 2002 au titre de zone tampon de l’avenue Andrássy, inscrite au Patrimoine mondial. De manière paradoxale, c’est justement cette année là qu’ont commencé les expulsions d’habitants et la destruction des bâtiments, la disparition des souvenirs du passé. Derrière le processus, se développait une vaste corruption municipale et bien que le maire de l’arrondissement se trouvât emprisonné en 2009, une partie significative des maisons d’habitation était déjà en possession des investisseurs. Aucun programme de sauvegarde ou de réhabilitation n’avait été établi pour le quartier, la réglementation fut élaborée uniquement au bénéfice des investisseurs. Au lieu d’exiger la rénovation des maisons et l’assurance d’une aide financière, les dirigeants de l’arrondissement ont donné la voie libre aux destructions de bâtiments. Le chiffre mesurant la quantité de construction admise sur une propriété foncière en fonction de sa superficie, le coefficient d’occupation du sol (COS), est un bon indicateur du caractère de la réglementation. Alors que cette valeur, sur le territoire du Paris historique est au maximum de 3, pour le Budapest historique elle atteint 5,5 et même 6. Ainsi dans le Quartier juif sous protection, là où le COS caractéristique actuel est compris entre 2 et 3, en cas de démolition on peut construire deux ou trois fois plus, et par exemple deux fois plus que dans le Marais. Après la sévère condamnation par la mission de l’UNESCO-ICOMOS sous la conduite de Michel Polge de cette réglementation et de la valeur du COS afférente, celle-ci a été maintenue par la nouvelle réglementation de 2008 et elle est toujours en vigueur actuellement. Je pense qu’en soi, ceci explique bien des choses.

Dans le même temps, depuis l’intervention de l’association ÓVÁS!, pas loin de 27 bâtiments de valeur historique ont été sauvés de la destruction, mais 21 ont été complètement démolis et 9 n’ont sauvé que leur façade. A leur place on a bâti ou on souhaite continuer à construire des grands ensembles de bâtiments de qualité médiocre.

Tout cela s’est passé et se passe dans un des quartiers les plus anciens et les plus précieux de Budapest. Dans ce quartier où les synagogues à la beauté orientale, les rues à l’ambiance typique, les bâtiments de style classiciste et sécession, les vastes cours, la fréquence des jardins, l’enchevêtrement des maisons avec passages, en font un lieu exceptionnel. Ce quartier qui vit, déterminé par les trois grandes synagogues et le souvenir du ghetto est aussi le lieu central de la communauté juive de Budapest et de la Hongrie. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, vivait ici l’une des plus importantes communauté juive d’Europe et aujourd’hui aussi une partie significative de la communauté juive de Budapest y vit.

Le quartier est aussi le lieu de mémoire historique. C’est sur son territoire qu’en novembre 1944 fut établi le ghetto. Ainsi, à côté des lieux de mémoire officiels, chaque maison, chaque pierre se souvient, compte comme lieu de souvenir. Tout ce qui, demeuré du passé de plus de 200 ans, des persécutions, du ghetto et de la nationalisation qui a suivi, est aujourd’hui en péril.

En 2004, c’est l’association ÓVÁS! en premier qui a attiré l’attention sur les valeurs du Quartier juif, sa mise en péril, la totale indigence de sa véritable protection. Elle a organisé des manifestations, des débats, des conférences de presse, des conférences internationales, des promenades, des expositions, des projections, des concerts, elle a diffusé des publications. En 2009 elle a même réalisé un projet alternatif. Les effets de tout cela se sont fait sentir par la mobilisation de plusieurs associations ou organisations professionnelles nationales ou internationales, parmi elles en premier lieu les Mardis hongrois de Paris qui ont élevé la voix pour la défense du quartier. En 2007 , l’UNESCO a conduit un diagnostic. En 2008, 2009 et 2011 cet organisme a émis de sérieuses mises en garde auprès de l’État hongrois en raison de la destruction du quartier juif, des constructions inappropriées au lieu et de la densification des constructions. Les processus dommageables se perpétuent encore aujourd’hui, en l’absence d’une réglementation résolument déterminante de sauvegarde de l’avenir du quartier et en l’absence d’une aide financière, de même que par la pratique qui s’est développée en matière de prise de décision concernant les immeubles classés.

Les tout derniers changements:

– En 2012 l’Office de protection du patrimoine (KÖH) a été supprimé, ses missions morcelées, partagées entre trois ministères. Depuis, c’est l’Institut Foster qui s’occupe du patrimoine mondial, ses missions sont de constituer le comité de surveillance des territoires de Budapest inscrits au patrimoine mondial, d’établir le plan de gestion et la programmation. Nous ne savons rien de l’avancement de ces travaux.

– La nouvelle mission de février 2013 envoyée par l’UNESCO-ICOMOS est repartie avec un avis affligeant à propos des changements en cours dans la zone tampon. Lors de sa session de l’été 2013 le Comité du Patrimoine de l’UNESCO a demandé la prescription d’une interdiction de tout changement jusqu’à la garantie d’une protection et d’une réglementation adéquates pour les zones tampon du Patrimoine mondial à Budapest, et parmi celles-ci en particulier pour le quartier juif. Depuis, il s’est écoulé plus d’un an et l’Institut Foster, chargé de s’occuper des territoires du Patrimoine mondial et de ses zones tampon, n’a donné jusqu’à ce jour aucune information et n’a rien rendu public par rapport à ces questions ou à ses actions.

– Pendant ce temps, les jeunes et les étrangers ont découvert, en dépit de la décrépitude du Quartier juif, l’ambiance particulière de ses rues, ses maisons, ses jardins, à la fois son passé et sa magie. À peine connu il y a encore dix ans, le vieux Quartier juif est devenu l’une des parties de la ville, les plus visitées. L’une des raisons remarquables en est que dans les cours, les jardins de ces bâtiments classés sauvés depuis 2004, mais laissés vides depuis de longues années, les bars éphémères qui sont venus s’y loger connaissent un succès incroyable dans les milieux de la jeunesse hongroise et étrangère. Ce changement spontané, inattendu, qu’on peut rapprocher de la culture, considéré positivement au début, s’est toutefois étendu en raison de son succès et est devenu aujourd’hui une charge insupportable pour les habitants du secteur.

– Mais, de manière sporadique, dans un ou deux endroits, la réhabilitation de vieux bâtiments a commencé, et seulement en un seul et unique lieu, avec l’aide des fonds de l’Union européenne, ils ont rénové la section de rue devant la synagogue orthodoxe de la rue Kazinczy et la plus grande partie des bâtiments de cette section de rue. L’environnement du monument à la mémoire de Carl Lutz a été rénové. À côté de cela, le revêtement de quelques rues a été remis à neuf.

Quel peut-être l’avenir pour le vieux Quartier juif de Budapest ?

Que peut-il se passer à l’ombre de l’affaiblissement conscient les lois et règlements de protection du patrimoine ?

Que peut-il se passer en l’absence de plan de gestion, de programme de réhabilitation et d’un système de financement ?

Que peut-il se passer dans ces circonstances, si l’intérêt des investisseurs pour ce quartier s’accroît suite à une éventuelle relance de l’économie ?

Quel avenir pour les bars éphémères et comment résoudre le conflit avec les habitants ?

Quelle peut être l’action de ÓVÁS! dans la situation actuelle ?

Il reste bien sûr beaucoup de questions ouvertes qui peuvent être résolues, en dehors de celles-ci, auxquelles peut-être cette table ronde aidera à trouver des réponses.


Michel Polge, architecte – urbaniste et Directeur du Pole National de Lutte contre l’habitat indigne

La mission qui m’a été confiée en 2007 était de répondre à la question de savoir si les démolitions ayant motivé des plaintes auprès de l’UNESCO dans la « zone tampon » du patrimoine mondial à Budapest étaient compatibles avec ce label ou pas.

La réponse était clairement non et qu’à mon avis ces démolitions étaient préjudiciables aux quartiers concernés pour plusieurs raisons:

  • d’un point de vue purement patrimonial, il s’agissait d’immeubles de qualité certaine
  • d’un point de vue des autres qualités de ces immeubles, il était important de noter qu’ils avaient été réalisés selon des typologies aisément « récupérables », sans que l’on rencontre de problèmes de surdensité par rapport au foncier ni de problèmes de qualité constructive
  • enfin ces immeubles étaient remplacés au fil des démolitions par des immeubles neufs de qualité discutable et, surtout, moins adaptés au tissu environnant par leur hauteur notamment et, qui plus est, généralement non habités car destinés en 1° lieu à des investissements immobiliers « dormant ». Le quartier se vidait donc peu à peu d’habitants

En même temps, personne ne manifestait d’intention délibérée de nuire à ce patrimoine. La bonne question devenait alors : pourquoi en était-il ainsi ?

La réponse s’avéra être liée aux outils de renouvellement de la ville en œuvre ici. On constatait à la fois:

  1. réglementation urbaine mettant en concurrence les arrondissements de Budapest pour attirer des investisseurs, donc une réglementation manquant de cohérence globale à l’échelle
  2. absence d’outils économiques/urbanistiques permettant un deal « gagnant-gagnant » entre promoteurs investisseurs immobiliers (indispensables pour revitaliser la ville) et puissances publiques. Rien ne permettait d’attirer ces investisseurs en les empêchant de tout démolir grâce à un système compensateur, par exemple par la fiscalité.

J’ai donc proposé de travailler plus avant sur ce système gagnant-gagnant pour continuer à attirer des investisseurs privés dans une logique où l’effort qui leur serait demandé serait compensé par des avantages économiques. L’idée était par exemple un deal dans le genre « produisez du logement, y compris avec des loyers adaptés aux moins fortunés, en réhabilitant les immeubles existant et, en contrepartie, vous aurez droit, par exemple, à une TVA spécifique et à des avantages fiscaux pour les investisseurs à qui vous revendrez les logements que vous aurez réhabilités ».

Il était évident qu’il fallait aussi revoir la réglementation d’urbanisme avec une plus grande cohérence globale. En revanche, je mettais en garde comme un urbanisme strictement patrimonial considéré en-dehors de toute logique de renouvellement urbain – on en voit que trop en Europe -. Mon idée était de mettre en place un système favorisant une redynamisation des quartiers concernés mais en aucun cas d’imposer une réglementation exclusivement patrimoniale. « Conserver ces quartiers et les revitaliser grâce à l’investissement privé au profit des habitants en place et de nouveaux arrivants », voilà ce qui pourrait résumer ce que je proposais.

Jean- Pierre Frommer, Les Mardis hongrois pour la protection d’Erzsébetváros

Deux grandes périodes :

  • en 2007 une pétition et des courriers en direction du comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO pour sensibiliser cet organisme
  • en 2008 fort des premiers résultats, une action concentrée sur la médiatisation

juin et juillet 2004 – Sensibilisé par les articles de presse écrit par Florence La Bruyère dans l’Express , Libération ou reportages sur RFI

septembre 2004 – rencontre de personnalités politique sans succès

22 février 2006 – Première sensibilisation sur le blog des MH

fin 2006 – Zsuzsa Szabo et Jean-Pierre Frommer rencontrent Anna Perczel à Paris

1er février 2007 – Lettre des MH au Directeur du Patrimoine de l’UNESCO

1er février 2007 – Lettre à l’Ambassadeur de Hongrie à l’UNESCO András LAKATOS

1er février 2007 – Lettre à Monsieur Pierre Schapira Adjoint au Maire de Paris

5 février 2007 – Lettre à Monsieur Pierre Schapira Adjoint au Maire de Paris

Silence de tous !

février 2007 – Début d’une campagne de signature d’une pétition au Directeur du Patrimoine de l’UNESCO qui au final regroupera 408 signatures dont celles de personnalités de renom

24 avril 2007 – (Directeur du Patrimoine mondial de l’UNESCO) précisant qu’il engageait des démarches auprès des autorités hongroises

mai 2007 – Création du site d’alerte – Sauvez Budapest

15 mai 2007 – Rendez-vous avec l’ICOMOS International

15 mai 2007 – Soirée des Mardis hongrois consacrée au Quartier juif en présence de Anna Perczel et Pierre Housieaux

mai 2007 – La pétition pour la défense du patrimoine architectural d’Erzsébetváros, est envoyée à Monsieur Bandarin, Directeur du Patrimoine mondial de l’UNESCO, avec environ 108 signatures. Celui-ci écrit à M. Lakatos, ambassadeur de Hongrie à l’UNESCO pour lui faire part de nos protestations et lui demande de lui faire un point sur la situation du quartier.

25 mai 2007 – Rendez-vous avec M. l’Ambassadeur de Hongrie auprès de l’UNESCO

7 juin 2007 – Lettre de L’Office National du patrimoine Culturel de Hongrie aux Mardis hongrois , remerciant pour l’attention que nous portons pour ce patrimoine culturel précieux et nous adressant copie de leur courrier à ce sujet adressé au Centre du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

5 au 7 novembre 2007 – Visite de Michel Polge, expert de l’ICOMOS à Budapest. Son rapport sera remis avant la fin de l’année 2007 ou au tout début 2008 aux autorités hongroises et notamment au Comité du patrimoine hongrois qui s’engage à le publier.

7 janvier 2008 – 3 Lettres ouvertes demandant d’agir pour la sauvegarde du quartier juif de Budapest à MM. Sólyom László, Président de la République de Hongrie, Ferenc Gyurcsány, Premier Ministre et Gábor Demszky, Maire de Budapest.

11 Janvier 2008 – Élet és Irodalom – Vie et littérature publie la lettre ouverte au Président de la République de Hongrie et la pétition avec l’intégralité des 313 signatures (au moment du bouclage du journal)

23 janvier 2008 – Article paru dans le Monde « Halte à la destruction du quartier juif de Budapest ! », par Jean-Pierre Frommer

février 2008 – L’hebdomadaire culturel, Elet és irodalom (Vie et littérature), publie un article sur le quartier juif de Budapest. Julia Cserba a interviewé Jean-Pierre Frommer Le sort d’un trésor européen irremplaçable est en jeu -. Cet article a un grand retentissement, des passages en sont publiés dans la presse internationale

5 mars 2008 – L’adjoint au Maire de Budapest répond à la lettre ouverte du président des Mardis hongrois de Paris

5 juin 2008 – Conférence organisée par USF à l’Institut hongrois le 5 juin 2008 avec la participation de l’association des Mardis hongrois de Paris

2 au 10 juillet 2008 – Le Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO s’est réuni à Québec.
Se déclare très préoccupé par les démolitions d’immeubles anciens de grande qualité architecturale et urbaine en cours dans la zone tampon du bien inscrit et particulièrement dans « quartier juif » ;
Se déclare également très préoccupé par la reconstruction, à leur place, d’immeubles contemporains de qualité discutable qui dénaturent profondément la valeur architecturale et urbaine de ce quartier

10 février 2009 – György Hunvald Maire d’Erzsébetváros en garde à vue puis incarcéré soupçonné d’abus de biens sociaux, corruption, faux en écritures, etc.

17 février 2009 – Soirée des Mardis hongrois de Paris dédiée à la protection du Quartier juif de Budapest avec Anna Perczel à la brasserie Flam’s

Aujourd’hui nous pensons qu’il existe des solutions pour protéger ce quartier. Des pistes ont été ouvertes par Michel Polge dans son rapport du début 2008. Schématiquement, orienter les investisseurs vers la réhabilitation plutôt que vers la destruction par le jeu des incitations fiscales, etc. Pour cela, il faut et il suffit d’une volonté au niveau de l’État. L’obstacle est l’extrême dispersion des pouvoirs due à la décentralisation de l’urbanisme.

Pierre Housieaux, president de Paris Historique

Paris historique est officiellement déclarée en octobre 1963. Elle a fêté ses 50 années d’existence l’année dernière en 2013.
Elle est née d’une réaction rapide à un constat dramatique : une grande partie du Marais, quartier alors déclaré insalubre, allait disparaître, à l’instar de ce qui se passe peut-être aujourd’hui dans le quartier juif de Budapest. Ce sont quelques bénévoles clairvoyants qui décidèrent de tout mettre en œuvre pour le sauver de la démolition. Les moyens mis en place furent très innovants, notamment par la création du Festival du Marais qui, grâce à des manifestations culturelles variées, attira l’attention de l’opinion publique et des responsables politiques de l’époque, sur les richesses architecturales et historiques de ce quartier.

Chaque année pendant presque 30 ans, concerts, pièces de théâtres, animations de rues attirèrent des millions de Parisiens et de touristes qui furent sensibilisés à ce quartier et à tous ses trésors. La pression exercée permit notamment la création de la loi, par André Malraux, sur les secteurs sauvegardés (plans de sauvegarde et de mise en valeur). Elle fit également en sorte de redonner aujourd’hui à ce secteur historique très apprécié et très visité, cœur de capitale, tout le respect qu’on lui devait. Il est protégé par un plan de sauvegarde et de mise en valeur (3e et 4e arrondissements) qui vient d’être révisé en 2013. On y inclut dorénavant le patrimoine du 19e siècle également très présent.
L’association mit également en place des chantiers de bénévoles pour la restauration de nombreux lieux du quartier, puis plus tard dans d’autres arrondissements de Paris. L’exemple notoire en est son siège, la maison d’Ourscamp, au 46 rue François Miron.

Aujourd’hui même si les enjeux sont différents, il est toujours nécessaire d’être vigilants. Paris historique étend maintenant son action à l’ensemble de la capitale et des villes de la région. Il veille inlassablement sur tous les permis de construire pour dénoncer ici ou là, la création d’un ascenseur dans une cage d’escalier XVIIe, la destruction de maisons dites d’accompagnement qui mériteraient plutôt une réhabilitation, etc.

L’association est également très active dans la sensibilisation au patrimoine en organisant des visites conférences, des ateliers pédagogiques, des expositions, des colloques internationaux et continue dans sa tradition de chantiers de bénévoles sur des lieux « oubliés »…